Jacques Vergès est mort à l’âge de 88 ans. Retour sur les sorties les plus controversées de celui que l’on appelait sobrement « l’avocat de la terreur » et « l’avocat du diable ».

Connu pour ses années militantes au Parti communiste français, son engagement pour l’indépendance de l’Algérie, sa sympathie pour les thèses maoïstes ou encore ses convictions anticolonialistes, Jacques Vergès était finalement avant tout célèbre pour avoir défendu des personnalités polémiques.

Le criminel de guerre nazi Klaus Barbie, le dirigeant khmer rouge Khieu Samphan, le philosophe négationniste Roger Garaudy ou le terroriste Carlos… Il faut également compter dans sa clientèle des membres de mouvements d’extrême-gauche européens tels que Action directe, des activistes libanais, le jardinier marocain Omar Raddad, la fille de Marlon Brando ou encore le dictateur serbe Slobodan Milosevic.

Mort de cause naturelle jeudi 15 août dans la soirée, Jacques Vergès apparaissait souvent dans son bureau en bois dur, entouré d’objets africainsRetour sur cinq de ses sorties ayant défrayé la chronique. 

Vergès sur sa philosophie

« Hippocrate disait : ‘Je ne soigne pas la maladie, je soigne le malade’. C’est pour vous dire que je ne défends pas le crime mais la personne qui l’a commis.« 

En 1987, Jacques Vergès défend le criminel nazi Klaus Barbie, chef de la Gestapo à Lyon. Le procès est ultra-médiatisé. L’année suivante, l’avocat expliquera les raisons de cette plaidoirie controversée chez Thierry Ardisson, dans son émission Bain de Minuit.

Vergès récuse le surnom d' »avocat de la terreur » : « Je ne suis pas l’avocat de la terreur, mais l’avocat des terroristes », argue-t-il.

 Vergès sur ses clients

« J’aurais défendu Hitler. »

Pour l’avocat et résistant, tout le monde a le droit d’être défendu. « Je suis prêt à défendre tout le monde à condition qu’ils plaident coupables », affirmait-il.

Quand un journaliste du Télégramme lui demande, en 2009, s’il défend « des personnages aussi repoussants » par amour de la provocation, Maître Vergès répond : « Ce sont les gens dits indéfendables qui ont besoin d’être défendus. » Et l’avocat de revenir ensuite sur le procès Barbie, qu’il a abordé sereinement : « Je savais que les 39 confrères que j’avais contre moi, plus le procureur, ne pouvaient me donner de leçons. Parce qu’à l’âge de 17 ans, j’ai rejoint les Forces Françaises Libres ».

Vergès sur les tueurs en série

« Si les tueurs en série nous fascinent, c’est précisément parce que en dépit de leurs crimes atroces, ils restent à notre image. »

« Qu’est-ce qui en somme sépare un tueur à la chaîne du plus honnête des contribuables ? Un détail infime, un fétu de paille tout de suite envolé et qui cependant constitue pour la plupart d’entre nous une barrière infranchissable : le passage à l’acte », ajoutait-il dans Les Sanguinaires (éditions Michel Lafon, 1992), un ouvrage dans lequel il revient sur le parcours de sept criminels.

Vergès sur Omar Raddad

« Il y a 100 ans, on condamnait un jeune officier qui avait le tort d’être juif, aujourd’hui on condamne un jardinier parce qu’il a le tort d’être maghrébin. »

Lors du verdict – son client est condamné à 18 ans de prison – la réaction de Jacques Vergès ne se fait pas attendre. Selon l’avocat, la condamnation de Omar Raddad, en 1994, est la plus grande injustice de son époque. Lui affirmait que les écritures sur les portes (« Omar m’a tuer ») avaient été inscrites par le vrai meurtrier, pour impliquer son client.

Vergès sur les actes terroristes

« Les poseurs de bombes sont des poseurs de questions. »

En 1957, Jacques Vergès, qui n’a alors que 18 mois d’expérience, est appelé en Algérie pour défendre une jeune militante du FLN, Djamila Bouhired. « Entre les Algériens et moi, ce fut le coup de foudre », a avoué l’avocat. Avec Vergès, la jeune poseuse de bombes échappera à la peine de mort. L’avocat finira par épouser Djamila.

Africardv avec Marichesse

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