Il y a quelques jours, un confrère journaliste Kossi Themanou est passé à tabac par des gendarmes togolais alors qu’il tentait d’exercer son métier de journaliste. Le confrère est non seulement frappé par la crosse d’un fusil (un geste qui peut attenter à sa vie) mais ensuite le confrère est conduit à la brigade de la gendarmerie selon les dires de la victime où il a encore subi d’autres violences et violations graves de ses droits fondamentaux.
Aujourd’hui, le gouvernement togolais à travers son ministre de l’intérieur et de la protection civile Yark Damehane au cours d’une conférence de presse dit que les gendarmes-gaffeurs sont mis aux arrêts de rigueur et curieusement des journalistes ricanent, sautent au plafond et se félicitent de leurs applaudissements de rigueur au point que certains parlent d’« attitude responsable » de la part du ministre. J’ose croire qu’ils en mesurent la portée des termes qu’ils emploient et savent réellement le pourquoi puisqu’ils seraient dans le secret des dieux. J’en passe. Or, autant qu’il m’en souvienne, le geste a été plusieurs fois posé donc, ce n’est qu’après tout « un plat réchauffé ». Historique des agressions :
Le 15 juillet 2009, le journaliste Gilles Gbagba qui était à l’époque à Radio Métroplys, de passage au CCF – Centre culturel français, aujourd’hui Institut français, a constaté que certains éléments du génie militaire étaient en train de casser le pare-brise d’une voiture. Il a voulu en savoir plus auprès du propriétaire de la voiture quand des militaires s’en sont pris à lui en le rouant de coups de bâtons et de matraques.
Le 23 juillet 2009, l’association Journalistes pour les droits de l’Homme (JDHO) a organisé une marche de protestation pour dénoncer cette attitude des militaires et, le même Yark Damehane au moment des faits, lieutenant-colonel a demandé à ses hommes de molester les journalistes. Je le cite : « S’ils avancent encore cinq mètres… rentrez-leur dedans. J’en assumerai la responsabilité ». Il se serait ravisé plus tard en optant pour la paix. Et depuis, la violence se nourrie de l’impunité.
Il n’y pas longtemps, un autre confrère journaliste de la Tv2 Bernard YELE est molesté par des éléments des forces de sécurité à Agoè, banlieue de Lomé toujours dans cette affaire d’ « Opération entonnoir ». Il y aurait aussi des excuses.
Le 27 avril 2012, le confrère correspondant de Reuters Noël Kokou Tadegnon a « reçu un coup violent sur la nuque » selon la victime et à la demande du commissaire Athna Sama alors qu’il exerçait son métier en couvrant les manifestations de l’opposition ce jour. Le gouvernement présentera ses excuses et le commissaire serait mis aux arrêts de rigueur.
Le 05 octobre 2012, le confrère Justin Anani a « reçu un coup de coude violent dans l’abdomen » alors qu’il couvrait les manifestations de l’opposition. Le coup lui a été assené par le commissaire Babarim. Et voici le slogan proclamé à tous les échos : le commissaire est mis aux arrêts de rigueur ! La liste est encore longue sans oublier Ayité Assiongbon de la radio Océan FM, aussi « passé à tabac le même jour (que le sieur Themanou), dans les mêmes circonstances à Aného » (source RAJOSEP, communiqué du 19 janvier 2014).
A l’instar d’Anselme et Douti fauchés par des éléments des forces de sécurité et de défense et depuis silence-radio, les auteurs de ces actes criminels courent toujours, il en serait ainsi si malheureusement tous les confrères journalistes évoqués ont perdu la vie. Les malfaiteurs seront mis aux arrêts de rigueur, point barre. Encore que cela soit vérifié.
A présent, il urge que des actes concrets soient exigés sans condition par la presse togolaise dans son ensemble et les organisations de défense des droits des journalistes tant nationales qu’internationales, que les confrères journalistes togolais cessent de faire trop du surplace inquiétant se contentant que des mots, encore des mots et rien que des mots.
Nous devons exiger et obtenir des garanties de poursuite judicaire à l’encontre de tous ceux terrassent ou agressent des journalistes dans le cadre strict de leur profession. Qu’ils soient militaires ou policiers, membres ou militants du parti au pouvoir ou de l’opposition, ils doivent répondre de leurs actes devant les cours et tribunaux sans demi-mesures ou mesures discriminatoires. C’est pour cela que je hais cette manière de certains journalistes de se faire berner par le pouvoir public depuis des lustres dans les diverses agressions que nos hommes subissent.
S’il est évident que la complaisance fait les amis, la franchise engendre la haine, je choisis sans hésiter la seconde option puisqu’il faut absolument réveiller de leurs profonds sommeils, tous les grands étourdis. Intelligenti pauca ! (A l’homme intelligent peu de mots suffisent).
Beni Sylvestre,
Ecrivain¬, Journaliste (Collaborateur Africa Rdv)