La côte togolaise est confrontée à une crise environnementale majeure, celle de l’érosion côtière. Cette menace grandissante met en péril les communautés riveraines, qui voient leurs terres littorales dévorées par les flots, leurs habitations englouties par les vagues implacables.

Face à cette situation alarmante, les victimes de l’érosion côtière se sont mobilisées. Réunies au sein du Collectif des personnes victimes de l’érosion côtière, ces communautés vulnérables ont décidé de faire entendre leur voix et de demander des comptes à ceux qu’ils estiment responsables de cette catastrophe environnementale : Lomé Container Terminal (LCT) du port de Lomé.

Devant la presse le samedi 24 février 2024 à Agbavi, à environ 35 km à l’Est de la capitale, le Collectif des personnes victimes de l’érosion côtière a exprimé son mécontentement envers l’opérateur pour son rôle présumé dans l’amplification du phénomène.

La LCT dans le viseur

La société Lomé Container Terminal est accusée par les victimes d’avoir contribué à l’aggravation de l’érosion côtière par le biais de ses travaux. Les riverains affirment que les constructions entreprises par LCT ont perturbé l’équilibre naturel de la côte, accentuant ainsi les phénomènes d’érosion et de recul côtier.

« Les différents rapports des mécanismes de plaintes comme CAO de la SFI (banque mondiale), ICM des banques FMO-DEG ont unanimement confirmé que les travaux de constructions de LCT n’ont pas respecté les normes environnementales et sociales et demandent à LCT de mener des actions pour correctifs. Mais jusqu’à présent rien n’est fait en ce sens« , rapporte le collectif dans une déclaration poignante faite lors de la conférence de presse du samedi dans laquelle les victimes ont exprimé leur profonde inquiétude quant à l’avenir de leurs communautés.

En effet, dans son intervention, le chef du village d’Agbavi et trésorier du collectif, Togbui Koffi Kouleahanawo AGBAVI III a souligné les conséquences désastreuses de l’érosion côtière sur la vie des victimes de l’érosion côtière, sur leurs moyens de subsistance et sur leur patrimoine culturel dont l’engloutissement du palais royal d’Agbavi parla mer et des natifs encore vivants devenus des locataires.

Togbui Koffi Kouleahanawo AGBAVI III

Par ailleurs, les victimes dénoncent également le manque de réaction de la part de LCT malgré les preuves accablantes de son implication dans l’aggravation de la crise. Selon le collectif, depuis 2016, le CAO a demandé à LCT de faire une étude sur les causes de l’érosion côtière. Un groupe d’experts universitaires a réalisé ce travail en 2019, mais LCT n’était pas d’accord sur les conclusions. Ils ont commandité une autre étude en 2022. Le CAO demande que LCT publie les rapports des deux études, mais le rapport de 2022 n’a toujours pas été rendu public. À travers leur récente sortie, les membres du collectif des victimes demandent la publication des deux études.

De l’avis des victimes, la société mise en cause s’est gardée de rendre publics les rapports d’étude d’impact environnemental réalisés par elle-même, car non seulement ils ne seraient pas à son avantage mais aussi ils confirmeront les accusations des victimes.

Une manipulation insidieuse 

Des victimes dénoncent les manœuvres de division orchestrées par LCT au sein des communautés affectées. Les tentatives d’engagement de partenariats RSE avec les villages, assorties de clauses floues et de pressions indues sur les chefs locaux, ont semé la discorde et la méfiance au sein des communautés déjà fragilisées.

Face à cette situation critique, le collectif des victimes appelle à une prise de conscience collective et à une action urgente.

Les membres du collectif ont annoncé des mesures radicales, y compris une grève de la faim initiée par le porte-parole du collectif à Washington, afin de faire pression sur LCT et les bailleurs de fonds (Banque mondiale, BAD, FMO, DEG, PROPARCO etc.) pour prendre leurs responsabilités.

L’érosion côtière au sud du Togo ne peut plus être ignorée. Les victimes exigent justice, réparation et protection pour leurs communautés menacées. Pour les victimes, le temps presse, et l’action est nécessaire maintenant.

Voltic Togo