Survenue au lendemain des Concertations nationales, cette sentence contre l’ex-patron de la Banque congolaise a valeur de symbole. Alors qu’on la croyait classée, l’affaire Roger Yaghi défraie, non sans ardeur, la chronique judicaire en RD Congo.

C’est donc lundi 7 octobre en début d’après-midi,  que la Cour d’Appel de Matete a rendu son jugement  sur cette affaire qui date de plusieurs années. A l’issue de cet Arrêt, le prévenu Roger Yaghi a été reconnu coupable de plusieurs chefs d’accusations dont la somme se solde par sept ans de Servitude pénale principale (SPP). Une sentence plus lourde par rapport à celle prononcée au premier degré  qui avait condamné le même prévenu à cinq ans de prison.

En plus des sept ans de servitude pénale principale, la Cour d’appel de Matete a condamné Roger Yaghi au paiement  d’une amende transactionnelle pénale en Franc congolais dont le montant est l’équivalent de 32 millions de dollars américains.

Pas que ça. C’est qu’en plus de cette pénalité, Roger Yaghi a été condamné à débourser un pactole de l’équivalent de 42 millions de dollars américains à titre de dommages causés aux victimes.

Sur le plan social, on s’aperçoit que ce jugement intervient au lendemain des Concertations nationales. Soit, 72 heures seulement après que les Conclusions de ce Forum national aient été remises le week-end dernier au président de la République.

Dans ce Rapport général des travaux, les concertateurs recommandaient, entre autres, la revalorisation de l’appareil judiciaire rd congolais. Une revalorisation qui, de l’avis de ses auteurs, passe indiscutablement par l’indépendance et l’impartialité de la Justice vis-à-vis d’autres pouvoirs.

Les concertateurs ne se sont pas arrêtés en si bon chemin. Ils recommandent également la lutte contre toutes les tares qui jettent un discrédit sur la Justice congolaise.  Principalement l’impunité et la corruption.

Avec un jugement de cette nature qui concerne une aussi grosse affaire, la justice congolaise prend donc date avec l’histoire. Le défi à relever est certes difficile, mais pas impossible. Difficile dans le sens où la corruption devenue systémique, a quelque peu produit l’effet d’un cancer dans un corps humain.

Il faudrait donc une thérapie d’attaque pour combattre le fléau de la corruption, telle une maladie endémique qui ronge la justice congolaise depuis plusieurs décennies. Cependant, avec la volonté de punir le corrompu et le corrupteur, il y a lieu de doter la RD Congo d’un appareil judiciaire sain.

Genèse d’une affaire

Roger Yaghi a été l’objet de procédure pénale pour plusieurs griefs. En l’occurrence, la banqueroute, l’abus de confiance, le faux en écriture et usage de faux. Auxquels s’ajoutent le virement fictif et le blanchiment d’argent.

Après instruction du dossier au niveau du parquet, le prévenu Yaghi avait été traduit en justice devant le Tribunal de Grande instance de Kinshasa/Gombe. A la suite de nombreuses irrégularités et autres abus constatés dans l’instruction du dossier, la Cour suprême de justice avait décidé  que l’affaire Yaghi soit transférée  au Tribunal de grande instance de Matete.

Il ressort du recoupement des informations des sources qualifiées, que les Magistrats du Parquet comme ceux du Tribunal, avaient fait l’objet de sollicitations pour corruption. Mais, c’était sans compter avec la probité morale des magistrats contactés.

Car, tous auraient repoussé  le juteux et séduisant pourboire au  nom de l’impartialité qui doit toujours régir leur noble métier. Par cet acte, les Magistrats s’étaient donc résolument engagés à poursuivre l’instruction de l’affaire Yaghi et le jugement de cette cause en toutes responsabilités.
Aussi, après avoir délibéré, le Tribunal a-t-il rendu un jugement acquittant le prévenu Yaghi de certaines infractions, à savoir le blanchiment d’argent, le financement du terrorisme et extorsion de signature, le condamnant pénalement à un an de servitude pénale principale.

Ce, en concours idéal pour faux et usage de faux et à 4 ans de servitude pénale principale en concours matériel cumulé pour faux en écriture, banqueroute et abus de confiance. Soit, cinq ans de prison ferme et civilement au paiement des dommages et intérêts aux parties civiles. La clef de répartition prévoyait 500.000 dollars Us à la Banque congolaise, 1.000.000 USD à la Banque centrale et à chacune des cinq parties civiles, puis 50 mille dollars US aux personnes physiques constituées.

A tous égards, le condamné Roger Yahi s’insurge contre ce jugement et interjette appel devant la Cour d’Appel de Kinshasa/Matete. Selon des sources crédibles, le Procureur général près cette même Cour l’y a suivi en formant aussi appel à toutes fins.

Source: digitalcongo

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