L’année 2016 s’annonce comme celle de grands enjeux électoraux en Afrique. Des élections générales vont se succéder, dans des conditions qui s’annoncent inquiétantes pour certaines alors que cela ne va être qu’un simple passage de « témoin » pour d’autres.
Le premier pays à ouvrir le bal est la Centrafrique. Même si ce n’est que le deuxième tour, les centrafricains sont une fois encore appelés aux urnes le 31 janvier. Le match s’annonce bien rude entre deux anciens caciques des différents pouvoirs de Bangui. Anicet Georges Dologuélé, ancien premier ministre de feu président Ange Félix Patassé aura fort à faire avec Faustin Archange Touadéra ex-premier ministre de François Bozizé.
Février aux couleurs d’Ouganda, du Niger et du Bénin
L’Ougandan devra suivre la marche le 18 février. Là, y règne un homme fort depuis 1986, Yoweri Museveni qui s’accroche à son fauteuil. Son grand challenger Kizza Besigye n’est jamais arrivé à le battre dans les urnes depuis 2001. L’alternative, l’opposition caresse une candidature unique pour battre Yoweri qui a toujours obtenu un score sans appel dès le premier tour.
Le Niger de Mahamadou Issoufou ne sera pas du reste. Il va donner le ton seulement trois jours après l’Ouganda. Le climat n’est pas encore bon enfant avec Hama Amadou qui est gardé derrière les barreaux et l’affaire de tentative de déstabilisation des institutions de l’Etat. Issoufou semble être bien parti pour rester malgré la ténacité du chef de file de l’opposition Seïni Oumarou et de l’ex-chef de l’Etat Mahamane Ousmane.
Boni Yayi lui, est bloqué par les garde-fous constitutionnels. Il devra passer le témoin après deux mandats de cinq années. Là aussi brûle une affaire de tentative d’empoisonnement du chef de l’Etat et de tentative de coup d’Etat, dans laquelle est citée un grand adversaire, Patrice Talon. Encore que le richissime homme d’affaires ne sera pas seul à vouloir empêcher le 28 février, Lionel Zinsou, le protégé de Thomas Boni Yayi. Il y en a au moins 35.
Dénis Sassou-Nguesso et idriss Deby Itno à la barre
C’est un secret de polichinelle, Dénis Sassou-Nguesso a déjà totalisé plus de trente (30) ans au pouvoir mais il cultive toujours un intérêt sans précédent pour son fauteuil. L’homme a fait adopter une nouvelle Constitution qui a fait sauter les verrous constitutionnels. Sa réélection, même s’il n’a pas encore officiellement annoncé sa participation, devra être comme une lettre à la poste, devant une opposition peu soudée et impuissante.
Idriss Deby Itno (ITI) ne semble pas trembler. L’homme qui a l’habitude de remporter les élections dès le premier avec un score à la soviétique. la dernière remportée à plus de 88%. Au pouvoir depuis 1990, il ne compte pas céder son fauteuil présidentiel que ce soit à Saleh Kebzabo ou encore à Ngarléjy Yorongar, les opposants de longues dates.
Djibouti, São Tomé et Principe, Gabon et Zambie aussi !
On ne parle pas « très souvent » de lui mais il n’est pas non plus un modèle sur le continent. Ismaïl Omar Guelleh veut un quatrième mandat. L’homme qui dirige le pays depuis 1999, est loin de vouloir s’y déconnecter aussi facilement. La menace de boycott de l’élection annoncée par l’opposition pourra être une belle occasion pour croquer de belles carottes. Il a déjà envoyé derrière les barreaux, certains opposants susceptibles de lui troubler le sommeil. Le mois d’Avril n’est plus loin.
Pendant ce temps, Manuel Pinto da Costa, ne soucie de rien. Premier président après l’indépendance pendant quinze ans de régime de parti unique (1975-1991), est revenu au pouvoir vingt ans après par la voie des urnes en septembre 2011. A 79 ans, il caresse toujours l’amour du fauteuil présidentiel pour juillet.
La menace sur Ali Bongo est directe et bien réelle. Si la France ne le caresse plus dans le sens des poils, ce n’est pas l’opposition qui s’en lasserait. Jean Ping, ancien président de la Commission de l’Union africaine se déchaine depuis des mois. il se sent requinqué avec une coalition de partis de l’opposition soutenant sa candidature. Le fils d’Omar Bongo, grand ami de la France pourtant, aura fort à faire en Août prochain surtout avec la crise pétrolière.
Un mois après les Gabonais, les Zambiens sont appelés aux urnes. Cas particulier, Edgar Lungu, élu il y a 20 mois pour achever le mandat de Machael Sata devra le remettre encore en jeu.
La classe des indécis
Peut-être qu’il sera le dernier à clôturer les élections générales sur le continent le 1er décembre. En tout cas, rien n’est encore gagné avec la Gambie de Yahya Jammeh. Le cinquième mandat ne devrait poser aucun problème pour un homme bien allergique à toute initiative visant son pouvoir.
L’incertitude est autant de mise en République démocratique du Congo. Mais, contraint à quitter le pouvoir après ses deux mandats en décembre, Joseph Kabila annonce un dialogue national pour garantir dit-il, des élections apaisées mais aussi un recensement général qui fera entre deux et quatre ans.
Pendant ce temps au Cap-vert, Jorge Carlos Fonseca attend la suite des élections législatives pour prendre position sur sa participation ou non. Des calculs politiciens sont en train d’être faits pour annoncer le divorce entrele Parti africain pour l’indépendance du Cap-Vert (PAICV) et le Mouvement pour la démocratie (MPD).
Teodoro Obiang Nguema est l’un des grands élèves des accros au pouvoir. 36 ans de règne, l’homme a battu le record de ces chefs d’Etat encore en exercice mais ne veut pas lâcher prise. « Piège », s’exclame l’opposition.
De la classe des indécis aux accros, il y en a qui se présentent encore comme modèle sur le continent. Sauf coup de tonnerre, la présidentielle au Ghana annoncée pour le 7 novembre ne devrait souffrir d’aucun problème malgré les questions de listes électorales gonflées qu’évoque toujours l’opposition. John Dramani Mahama désigné pour porter les couleurs du Congrès démocratique national (NDC) devra une fois encore, comme en 2012, jouer le duel avec Nana Akufo Addo du Nouveau parti patriotique (NPP).
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