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Le programme WA-MRV soutenu par le gouvernement canadien appuie les pays d’Afrique de l’Ouest dans la mise en œuvre de leurs Contributions Déterminées au niveau National (CDN). Ceci pour aider à une estimation réelle des répercussions et des risques liés au réchauffement climatique. Le Togo n’en est pas épargné. Les CDN incarnent les efforts déployés par chaque pays pour réduire ses émissions nationales et s’adapter aux effets du changement climatique.

Opérationnalisée à travers une série d’ateliers virtuels d’échanges et de partages d’idées animés par un groupe d’experts, d’universitaires, de praticiens et d’acteurs de terrain regroupés au sein de la Communauté des pratiques MRV (Mesure, Rapportage et Vérification) climatiques, cette plateforme a été lancée le 5 mai 2021 au Togo. Elle a permis de mener des réflexions sur le cadre du système MRV au plan national grâce à des ateliers de consultations techniques et des séries de consultations en ligne.

Dans le même sillage, la communauté des pratiques MRV du Togo a animé des ateliers de renforcement des capacités les 18 et 31 août 2021 sur les Contributions Déterminées au niveau National et l’Article 6 de l’Accord de Paris sur le Climat (COP 21)  : implications des MRV. Axés sur quatre thématiques centrales qui ont fait l’objet de communication et de débats enrichissants, les travaux ont permis aux participants d’être édifiés sur les actions menées par les pouvoirs publics togolais, les jeunes et les femmes issus de la société civile en ce qui concerne leur implication dans le processus de révision des CDN et sa comptabilisation avec les mécanismes de l’article 6 de l’Accord de Paris sur le Climat.

Il convient de rappeler qu’en matière de protection de l’environnement et d’atténuation des effets du changement climatique, des engagements renouvelés ont été pris par les Etats pendant les divers sommets mondiaux organisés annuellement à cet effet. Ils visent essentiellement à réduire sensiblement l’influence humaine (scientifiquement établie) sur le système climatique due à l’émission à grande échelle des gaz à effet de serre (GES) avec ses conséquences irrémédiables à court, moyen et long terme. En dehors des mécanismes de marché et de non marché établis sur le plan international, l’article 6 de l’Accord de Paris sur le climat donne, depuis 2015, la possibilité à chaque pays de s’engager, à une échelle appropriée, pour la réduction des émissions des GES à travers la réalisation des Contributions Déterminées au niveau National. De même, cet accord exige de chaque pays signataire la communication et l’actualisation (révision) des CDN tous les cinq ans.

En soumettant ses CDN le 30 septembre 2015, l’objectif du Togo, en termes de réduction totale des gaz à effet de serre, était de 31,14% en 2030 pour un besoin en financement estimé à environ 855 milliards de francs CFA (1,54 milliards $ US).

Malgré les appuis des partenaires pour leur réalisation, la mise en œuvre des CDN a été confrontée à de nombreux défis. Selon Dr POLO-AKPISSO Aniko, coordonnateur national du projet d’appui aux CDN du Togo, on relève, entre autres, le manque d’appropriation des CDN par les ministères sectoriels, l’insuffisance de communication, la faible capacité technique des acteurs sectoriels, l’incapacité à utiliser les outils d‘évaluation et de reporting des émissions de GES, la faible prise en compte des questions du genre dans la planification sectorielle en matière des changements climatiques et la faible implication du secteur privé dans la mise en œuvre des CDN.  Dr EDOU Komlan, point focal West Africa MRV Program, dans son intervention, a mis l’accent sur le transfert des résultats d’atténuation au niveau international (ITMO) comme le point 4 de l’article 6 de l’Accord de Paris le dispose. En effet, cette disposition donne la latitude au Togo de s’engager dans des « accords de coopération » pour la réalisation de ses CDN. C’est à ce titre que le projet WA-MRV vient à point nommé pour appuyer les Etats dans la mise en place un système national MRV robuste, efficace et efficient de collecte et de gestion d’informations climatiques au plan national.

Abordant, dans le même sens, le Coordonnateur de la Communauté des Pratiques MRV du Togo, M. BANKA Dossou, a souligné que les règles de fonctionnement sont toujours en cours de discussion dans les négociations internationales sur le climat, mais des leçons peuvent être tirées des projets pilotes sur les résultats d’atténuation transférés au niveau international, en l’occurrence, les expériences du Chili et du Canada, dans le but d’accélérer la mise en œuvre des stratégies.

La mise en place d’une entité opérationnelle désignée et accréditée par les institutions onusiennes est un passage obligé pour un suivi rigoureux de la mise en œuvre du système MRV. A défaut de cela, une institution chargée de la gestion d’un crédit sectoriel peut fonctionner comme organisme d’accréditation pendant que la vérification est effectuée par les structures désignées localement.

En tout état de cause, l’amorce de la décentralisation par le Togo depuis 2019, est un atout majeur dans le déploiement du système MRV aux plans communal et local d’autant plus que les autorités locales, pour les besoins de la cause, sont à même de recommander et de réclamer des vérifications d’émissions des GES. Cette approche diverge, cependant, de l’article 6.2 dont la mise en œuvre ne requiert pas obligatoirement des mesures standards et une entité opérationnelle désignée

Par Julles AHADO

Voltic Togo