Illustration du free roaming / Image: Africa rendez-vous

Les Togolais, les Béninois et les Ghanéens pourront vivre une baisse conséquente des frais de roaming. Les autorités de régulation de ces pays ont convenu d’un accord à cet effet avec le Togo.

Après le premier accord entre le Togo et le Bénin le 18 octobre 2023 un autre a été entériné entre le Togo et l’Autorité nationale de communication du Ghana (NCA) le 1er novembre 2023 pour la mise en œuvre du « free roaming ». Ce protocole d’accord signé entre le Togo et le Ghana permet aux usagers de téléphonie mobile des deux pays de pouvoir communiquer à moindre coût sans changer de carte SIM grâce à la suppression des frais d’itinérance (roaming), dès le 1er mars 2024.

Cette signature a eu lieu à terme de deux jours de travaux ayant réuni à Accra les deux régulateurs et les représentants des opérateurs mobiles du Ghana notamment MTN, Airtel, Vodafone et ceux du Togo en l’occurrence Moov Africa Togo et Togo Cellulaire. « L’effectivité de sa mise en œuvre dès le 1er mars 2024, se traduira par une baisse très importante des tarifs pour les voyageurs togolais en visite au Ghana et vice versa », peut-on lire dans le communiqué de presse de l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et de la poste) du Togo.

Pour Mary Assogba, une togolaise vivant au Ghana depuis plus de 30 ans, la baisse sur les frais de roaming entre le Ghana et le Togo est une excellente nouvelle : « Ma grande mère m’a amené au Ghana depuis que j’étais toute petite, mais mon père, ma mère et mes autres frères et sœurs sont restés au Togo. Donc je suis toujours entre les 2 pays. Pour communiquer avec mes parents, c’est toujours compliqué si ce n’est pas par WhatsApp, parce que le coût est vraiment élevé », confie Mme Assogba en ajoutant qu’elle est impatiente que cette facilité devienne effective. Elle se réjouit de cette baisse annoncée qui la rapproche encore un peu plus de sa famille.

D’après M. James, un ghanéen vivant au Togo, il n’appelle sa maman qu’une fois par mois, ce qu’il juge d’anormal. « Avec les études, je n’ai pas assez de temps, et si je dois appeler ma mère, qui n’utilise pas le WhatsApp, je dois traverser la frontière pour pouvoir l’appeler avec une carte Sim du Ghana, parce que je n’ai pas les moyens », explique M. James. Si ce protocole devient une réalité James pense que sa mère se sentirait beaucoup mieux en obtenant des nouvelles beaucoup plus souvent.

Un peu comme M. James et Mme Assogba, nombreux sont les citoyens Togolais et Ghanéens confrontés à ce problème de communication et qui sont impatients de l’effectivité de ce protocole d’accord bilatéral entre le Togo et le Ghana.

Image: DR

Le free roaming en question

Le free roaming, c’est la baisse si non, presque la suppression des frais de communication qu’un Togolais soit en déplacement au Ghana ou au Bénin. Selon l’ARCEP Togo, grâce à ce protocole, pour un Togolais en situation de roaming au Ghana, la réception d’appel devient dorénavant gratuite durant les 30 premiers jours consécutifs alors qu’elle est facturée à 240 francs CFA par minute chez Togo Cellulaire et 207 francs CFA chez Moov Africa Togo. L’émission d’appel coûtera dorénavant 8,67 francs CFA par minute alors qu’elle est actuellement de 279 francs CFA chez Togo Cellulaire et 550 francs CFA chez Moov Africa Togo. La consommation internet sera facturée à au plus 1,6 francs CFA le Mo alors qu’elle est facturée actuellement jusqu’à 8400 francs CFA chez Togo Cellulaire et jusqu’à 200 francs CFA chez Moov Africa Togo .

Selon le directeur général de l’ARCEP Togo, Michel Yaovi Galley, pendant les 30 premiers jours du séjour d’un Togolais au Bénin, les réceptions d’appels et ou de messages sont entièrement gratuites. Réciproquement, les consommateurs du Bénin bénéficieront des mêmes avantages et modalités de facturations des services roaming lorsqu’ils sont en voyage au Togo. « Il ne serait plus un problème pour un citoyen de la communauté togolaise qui se déplace au Bénin de vivre l’expérience de communication électronique, idem pour le citoyen qui vient au Togo », atteste, pour sa part, Hervé Coovi Guedegbe, le secrétaire exécutif de l’Arcep Bénin.

La baisse des tarifs d’appel profite tant aux Béninois qu’aux Togolais. Parmi ceux-ci, Aristide, un juriste béninois dont sa petite famille vit à Lomé. « Il faut reconnaître que téléphoner à Lomé vers nos correspondants béninois pour nous qui sommes en roaming est bien cher. Le coût de la communication vers le Bénin en roaming est vraiment exorbitant. Actuellement avec le nivellement au tarif commun, nous ne pouvons que remercier les gouvernants des 2 Etats », se réjouit-il.

Le grand rattrapage

En effet, en décembre 2017, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a adopté le règlement portant sur l’itinérance sur les réseaux de communications mobiles ouverts au public à l’intérieur de l’espace CEDEAO. Ce règlement de la CEDEAO qui est juridiquement d’application directe dans les États membres, a pour objet de définir un cadre juridique et tarifaire harmonisé en supprimant, du moins en réduisant, les frais d’itinérance communautaires afin de favoriser l’intégration des peuples au sein de la CEDEAO. Ce règlement qui était censé entrer en vigueur dès son adoption, est malheureusement resté à date, soit 6 ans après, sans être mise en œuvre. Les autorités de régulation et les opérateurs des 15 États membres de la CEDEAO n’ont pu s’entendre pour une mise en œuvre effective du règlement.

free roaming / image: Dr

Face à cette situation, et encouragés par l’Association des Régulateurs des Télécommunications de l’Afrique de l’Ouest (ARTAO), les régulateurs ont décidé de privilégier une mise en œuvre du règlement entre les pays membres deux par deux. Ceci, afin que de proche en proche, et dans un délai assez raisonnable, l’on parvienne à assurer une mise en œuvre effective et intégrale de ce règlement entre tous les États membres de la CEDEAO.

C’est ce qui justifie ces rencontres de l’ARCEP du Togo et les opérateurs de réseaux de communications électroniques, avec l’ARCEP du Bénin et les opérateurs de réseaux de communications électroniques et ensuite, l’autorité nationale de communication du Ghana et ses représentants des opérateurs mobiles. L’objet c’est d’amener ces régulateurs et les opérateurs à s’accorder sur les modalités de mise en œuvre du règlement de la CEDEAO sur l’itinérance communautaire.

L’Arcep Togo ne compte pas s’arrêter là. Elle veut poursuivre ses efforts afin de multiplier des accords similaires avec les autres pays de l’espace UEMOA et la CEDEAO pour concrétiser la vision de mobilité et d’intégration numérique communautaire.

Ce reportage à été produit dans le cadre de la bourse de journalisme sur les IPN organisée par la fondation des médias pour l’Afrique de l’ouest et Co-Develop.

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