Des élèves dans une école publique au quartier Agoè à Lomé / crédits photo: Sylvio Combey

La rentrée académique 2019-2020 a démarré ce 16 septembre 2019 sur toute l’étendue du territoire togolais. L’un des documents importants et exigés pour l’inscription des enfants à l’école est l’acte de naissance, peut-on rappeler. Or, ce lundi 16 septembre, nombreux sont ces parents qui se sont présentés dans les établissements scolaires sans ce fameux sésame. C’est le cas de certains parents rencontrés ce jour de rentrée scolaire dans l’enceinte du Complexe scolaire la Providence divine, situé à Bè-Kpota dans la banlieue Est de Lomé.

Un goût amer

Afiwa Nougbléké, la cinquantaine, revendeuse de bouillie d’Akassa, mère de huit enfants dont la dernière, Eyram 9 ans, est interdite d’inscription. Eyram, qui devrait entamer en cette nouvelle rentrée, le Cours moyen deuxième année (CM2), regarde plutôt ses anciens camarades rentrer en classe sans elle. Et pour cause, sa maman ne retrouve plus son acte de naissance.

Le directeur de l’établissement scolaire, pour cette année, se veut intransigeant, surtout pour les élèves en classe d’examen. « Certains parents viennent inscrire leurs enfants sans amener l’acte de naissance. C’est une lourde tâche qui bouleverse le déroulement de tout le processus dès le premier jour de la rentrée », se plaint Komlan Essilivi, directeur du Complexe scolaire la Providence divine.

Selon ses explications, la situation est souvent très délicate à gérer. Certains élèves bien qu’ayant suivi les cours, poursuit M. Essilivi, finissent par ne pas passer les examens officiels de fin d’année. Incomplets, leurs dossiers sont rejetés, précise-t-il, le cœur lourd. « Cette année, nous avons décidé de durcir le ton et exiger des parents l’acte de naissance de leurs enfants à l’inscription« , a-t-il expliqué . « C’est pour le bien de leur propre progéniture« , rassure-t-il, comme s’il essayait de se justifier.

Ignorance ou insouciance

Devra-t-on en déduire que cette situation est le résultat de l’ignorance ou de l’insouciance? Dame Nougbléké, un peu comme la dizaine de parents d’élèves, sont abandonnés à leur sort. Certains ont préféré se mettre à l’ombre des manguiers dans la cour de l’établissement, avec l’espoir que leurs enfants seront admis en classe, le temps pour eux de se faire établir le document manquant.

Cette situation loin d’être circonscrite à Bè-Kpota, concerne plus de la moitié des enfants togolais, qui naissent et grandissent, sans pièce d’identité. Selon le rapport initial du gouvernement togolais sur la mise en œuvre de la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant de 2010, près de 51,2% d’enfants ne sont pas enregistrés à la naissance. Et c’est pour réduire ce taux que des Organisations de la société civile organisent des opérations foraines pour faire établir gratuitement les documents d’identité.

Voltic Togo