S’achemine t-on vers des nuits de longs couteaux en Côte d’Ivoire? C’est le moins que l’on puisse dire avec une crise qui couve entre les deux grands amis d’hier, Henri Konan Bédié et Alassane Dramane Ouattara. Bédié, le patron du parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), se retourne contre Ouattara pour « fausses promesses ».
« Fausse promesses », ainsi pourrait-on oser qualifier le revirement de Alassane Ouattara à l’orée des prochaines joutes électorales prévues pour le 13 octobre 2018. L’homme qui, par deux fois de suite, notamment en 2010 et 2015, a été soutenu par son « grand ami » Bédié, pour le faire porter à la magistrature suprême a décidé de rompre « l’alliance ».
Le divorce
Le divorce semble être né entre les deux vieux copains. L’attitude Ouattara s’annonce comme une pilule dure à avaler au PDCI. Le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), lancé par ADO le 16 Juillet 2018 sera sans le PDCI même si certains membres ont rejoint le Rassemblement. Le PDCI réclame un accord préalable pour qu’un candidat unique issu de ses rangs soit désigné pour l’élection de 2020.
ADO n’entend pas jouer les mêmes sonorités. « La France a aujourd’hui un président qui a 40 ans, je ne dis pas que je suis vieux mais cela donne à réfléchir. Le monde change. Nous devons travailler le président Bédié et moi, la main dans la main pour transférer le pouvoir à une nouvelle génération en 2020 », a-t-il laissé entendre le 16 Juillet à Abidjan. Même si la démarche, à priori est saluée par plus d’un pour avoir renoncé à un 3ème mandat tel qu’il le faisait craindre, il n’est pas moins superflu que cela parait comme une trahison dans le camp de Bédié.
22 Juillet 2018, le secrétaire exécutif du PDCI, Maurice Kakou Guikahue va avec véhémence et annonce que le parti pourrait aller seul aux élections municipales et régionales. De la nivaquine, et il va plus loin et annonce l’exclusion de 18 cadres du parti qui se sont dits favorables au parti unifié RHDP que préside désormais Alassane Dramane Ouattara.
Pour l’heure c’est une guerre silencieuse qui couve entre les deux grands amis d’hier. Reste à savoir si les 3 mois qui restent avant les échéances pourront permettre de colmater les brèches. Les Anglais disent « Wait and See ».
La question qui se pose à l’Afrique et aux Africains n’est certainement pas une question d’âge, ni de génération. Car, on peut être con en étant jeune comme on peut l’être en étant âgé. Le drame de l’Afrique et des Africains s’enracine dans l’absence du sens des mesures, l’humilité et la retenue de soi. Ce qu’il faut, c’est donc une culture psychologique qui façonne une atmosphère dans laquelle le sens de la délibération et jugement, la justice, c’est à dire, tous ce qui favorise la concorde politique et la cohésion sociale, gagent du développement économique deviennent une réalité.
Ainsi, ce ne devrait pas être le soucis de transférer le pouvoir à une génération plus jeune qui doit déterminer, mais le respect des règles que les hommes se sont choisies qui doivent être cela qui détermine. En l’occurrence la constitution. Et c’est ce qui manque ici. Il faillait dire également que les dispositions constitutionnelles sont telles, que les ambitions et désires personnels doivent nécessairement s’effacer devant la sacralité de ces dispositions.
La présence d’un jeune à la tête de la France est avant tout, la matérialisation d’un respect des dispositions constitutionnelles. Ce vers quoi il fallait opter, c’est le sens donné aux règles constitutionnelles. Parlant de la France, il y a encore plus intéressant qui aurait pu servir d’exemple. Le fait que le Président François Hollande s’est abstenu de solliciter un mandat supplémentaire alors qu’il y avait droit. Car, en Cote d’Ivoire des milliers de personnes avaient été assassinées collectivement il y a quelques années à cause aussi de ce que dix ans, c’est à dire deux mandats ne semblaient pas suffire au Président Gbagbo Laurent.